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Le karst Pierre Saint-Martin - Larra
une montagne sur les frontières pour une spéléo sans frontière

"C’est un pays de calcaire et de pins tordus, haut, tourmenté et vaste, tout au bout de la France,
là où la montagne basque perd ses prairies et ses forêts et se fait si âpre qu’il suffira

d’une borne rongée, dans ce désert hérissé et sans nom, pour en faire l’Espagne "

 

(Haroun Tazieff - Le gouffre de la Pierre Saint-Martin - Editions Arthaud)

 

 

C'est là, aux confins de la France et de l'Espagne, à l'ouest des Pyrénées que se niche le massif karstique de la Pierre Saint-Martin - Larra,

la Pierre pour ses intimes, terre de contrastes et de frontières, mais aussi de rassemblement et de partage.

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La Pierre Saint-Martin – Larra est une zone de montagne et de moyenne montagne de 240 km², dont une partie karstique de 165 km². Ses paysages diversifiés sont constitués de pics dénudés, de lapiaz, de pâturages, de forêts et de gorges souvent baignés de brumes. Le massif culmine à 2504 m d’altitude au pic d’Anie (Ahuñamendi) et 2444 m au pic des Trois Rois. Les vallées du nord sont plus basses que celles du sud, 450 m à Sainte-Engrâce contre 1 000 m au Rincón de Belagua.


Son climat est contrasté avec un versant nord soumis aux perturbations atlantiques et un versant sud relativement plus aride. En altitude les cumuls annuels de précipitations sont supérieurs à 3 000 mm.


Le massif est peu peuplé et de façon saisonnière la plupart du temps : bergeries et stations de ski. Les villages sont situés dans les vallées à la périphérie du massif. Isaba et Zuriza au sud et Sainte-Engrâce et Lées-Athas au nord, Lescun à l'est.

La plus grande partie du karst est située en zone Natura 2000 avec une réserve, la Reserva de Larra, côté navarrais. Il en découle quelques contraintes mais la spéléologie y est toujours possible

Sur les frontières

 

Le karst est à la limite historique de trois royaumes : Navarre, Aragon et France et de plusieurs langues : français, espagnol, basque, navarrais et béarnais. Aujourd’hui, il est partagé entre la France (département des Pyrénées-Atlantiques) et l’Espagne (communautés autonomes de Navarra et d’Aragón). Il est aussi à la limite de partage des eaux entre l’Atlantique et la Méditerranée.

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Les falaises des Tourelles sur les Arres de Lées-Athas

Un karst de grande ampleur

 

Sur le plan géologique, le cœur karstique du massif est constitué de calcaires du Crétacé supérieur reposant sur un socle paléozoïque schisto-gréseux plissé du Dévonien et du Carbonifère. En fait, le massif de la Pierre Saint-Martin – Larra est la superposition de deux chaînes de montagnes : les Pyrénées actuelles et l’ancienne chaîne hercynienne qui constitue le socle paléozoïque. Ce phénomène est peu visible en surface, mais les spéléos de la Pierre le connaissent bien, puisque les puits de leurs gouffres se développent dans la masse des Pyrénées actuelles et les rivières souterraines coulent sur l’ancienne chaîne hercynienne. Cette superposition est particulièrement visible dans la salle de la Verna.

Le Long Labeur du Temps publié dans Arsip n° 16 vous en dit plus sur la longue histoire géologique qui a façonné les cavernes de la Pierre


Les eaux qui s’infiltrent dans les calcaires crétacés constituent quatre grands systèmes hydrologiques, qui drainent les eaux du sud vers le nord-ouest, le nord et le nord-est. Les eaux des deux systèmes les plus importants, Saint-Georges et Saint-Vincent, ressortent à Sainte-Engrâce au nord-ouest du massif dans la vallée de l’Uhaytza (le Saison). Celles de la partie nord-est constituent deux systèmes moins étendus, Issaux et Lées-Athas qui rejoignent le Gave d’Aspe.


L’exploration spéléologique du massif de la Pierre Saint-Martin - Larra a mis en évidence des phénomènes karstiques de grande ampleur qui comptent parmi les plus spectaculaires de la planète. Plus de 2000 cavités et 475 km de réseaux souterrains ont été découverts jusqu’en 2022, faisant de cette montagne un des hauts lieux de la spéléologie mondiale.

Les systèmes hydrologiques de la Pierre

1 Affluent AN51 en crue - Paul De Bie_ed

Rivière dans l'amont du Système d'Anialarra

Les falaises qui dominent le cirque de M

Le pic de Trois Rois, Budoguia et Ukerdi vu des falaises qui dominent le cirque de Lescun

Une spéléologie scientifique et sportive

 

La spéléologie est sans doute l’approche idéale pour accéder à de nombreuses connaissances sur les karts. Par la curiosité et les réflexions qu’elle engendre, par la volonté d’expliquer les phénomènes observés, la spéléologie incite la connaissance. A la Pierre, de nombreux spéléologues non scientifiques ont pu ainsi faire l’expérience d’une approche différente du milieu karstique et du milieu naturel en général.

Ici, la spéléologie est à la fois sportive, scientifique et culturelle. L’aspect sportif, y compris de haut niveau, est présent dans toutes les activités en raison des difficultés du terrain.

Les simples descriptions de cavernes, les topographies plus ou moins évoluées réalisées par les spéléos, leurs tentatives d’explication des phénomènes observés, sont déjà le début d’une démarche scientifique, un outil indispensable et une source de renseignements pour les chercheurs qui sont encore peu nombreux à pénétrer profondément le karst.


Depuis plus de cinquante ans, des travaux scientifiques importants ont été menés en plusieurs points du massif. Ils portent  sur les paléo-karsts (Paléozoïque à Miocène), les sédiments quaternaires, la géologie, la biospéléologie et bien sûr l’hydrologie du massif. Certains ont permis des avancées notables sur la connaissance du quaternaire pyrénéen et notamment l’impact des phénomènes glaciaires sur le karst.

Une spéléologie organisée pour le partage des connaissances et la protection du milieu

 

L’Association pour la Recherche Spéléologique Internationale à la Pierre Saint Martin, l’ARSIP à été créé en 1966. Elle s’est donnée pour objectif principal l’organisation de la spéléo à la Pierre au profit de tous. C’est pour cela qu’ont été développées les coordinations des activités, les relations avec les collectivités locales et territoriales, la collecte et l’archivage des résultats des travaux des spéléos et la publication de ces résultats.

L’ARSIP édite deux revues : le Bulletin de l’Arsip qui fait le point des connaissances sur le massif sans périodicité fixe et Arsip Info, revue semestrielle d’informations à la Pierre. L’ARSIP a également réalisé plusieurs expositions, en local ou lors de congrès et rassemblements.

L’ARSIP s’implique aussi dans la protection du milieu naturel assez exceptionnel de cette montagne sur les frontières en privilégiant une approche globale de la protection et des projets de développement locaux qui touchent au karst. Notre connaissance du massif, le travail de nos spécialistes, notre attachement à la vie des vallées, la confiance que nous témoignent les collectivités locales, notre implication dans des projets de développement ont fait de nous des interlocuteurs écoutés.

Nous avons choisi d’avancer à petits pas pour faire progresser nos idées avec réalisme, patience mais détermination. Nous sommes des spéléologues. Nous ne sommes pas une association de protection de l’environnement ni un mouvement écologiste mais nous avons le souci et la volonté de préserver cette parcelle de notre cadre de vie local :

la Pierre

Ouvrages de synthèse pour en savoir plus :

ARSIP n° 16 - Ed. Arsip - 1989
ARSIP n° 17 - Ed. Arsip - 2002

ARSIP n° 18 - Ed. Arsip - 2016

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